Éditeur: Nouvelle Optique, Montréal, 1980. 112 pp.
ISBN: 2-89017-011-X
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Haïtuvois est le salut d’un poète du Tiers-Monde à une sœur-âme : Haïti. Ce poème-essai se veut révélateur de l’ontologie haïtienne. Il présente, sans discours discursif, l’inarticulable : il donne à voir. Le calembour-titre, grinçant, populaire (aie, tu vois !) rend, par son téléscopage de syllabes, la réalité physique et psychique de cette île tragique, son syncrétisme, ses déchirements. Cette architecture baroque de l’œuvre, tantôt en vers, tantôt en prose, cette écriture ici concertée, là libérée, ce message hiéroglyphique ou transparent, tour à tour, sont à l’image de l’anarchie culturelle qui caractérise la situation haïtienne. Ces matériaux disparates, ce puzzle que le lecteur doir reconstituer, reflètent la Caraïbe et ses apports complexes (indiens, français, espagnols, africains et anglo-saxons) qu’une prosodie traditionnelle serait inapte à représenter. A travers son masque (la peinture-poésie), Haïti se fait sous nos yeux et livre sans complaisance et sans bavure son timbre unique.
Poète de notre temps, Bouraoui, le fraternel qui traque l’Homme où il se trouve, a su tisser un fil ténu qui unit l’Afrique à la diaspora, le Maghreb à Haïti. -- Extraits de la préface de Jacqueline Leiner.
Critique
« Nous trouvons [dans Haïtuvois] des résonances du Cahier de Césaire qui nous parviennent déjà encodées dans une écriture éclatée, à l'image de la réalité vécue. Le poète Bouraoui se double du critique… Poésie-critique ? Bouraoui trouve mieux : le poème-essai. Ce genre propose la lecture critique et poétique d'un poète par un autre. Ainsi Bouraoui nous présente-t-il deux confrères haïtiens : Frankétienne et René Philoctète. » Hédi Abdel Jaouad, Revue CELAAN Review, n° 1, novembre 1981, p. 17-18.
« La sensibilité, l'originalité linguistique que l'on retrouve dans cette œuvre de Bouraoui. Sa métaphore révèle sa réalité. C'est un poète qui utilise la langue comme arme. Au lieu d'accepter l'idée d'une prison du langage, le poète révolutionnaire manipule la langue qu'il brise et transforme, souvent violemment, pour se libérer. [...] Bouraoui demande beaucoup au lecteur à travers cette œuvre intellectuelle, très complexe, qui exige un déchiffrement minutieux. L'échange contient une invitation séduisante. Le lecteur reçoit ce qu'il y met au niveau où il se donne, et la récolte potentielle est extrêmement riche ». Gail Vanstone, Hédi Bouraoui : Haïtuvois suivi de Antillades , Présence Africaine, Paris, n° 120, hiver 1981, p. 93-96.
« Soulignant tout d'abord que, contrairement à bien d'autres poètes, dont Coleridge, H. Bouraoui ne perçoit pas de contradiction entre l'œuvre du poète et celle du critique, mais qu'il les conçoit plutôt comme se supportant mutuellement l'une l'autre, J. Oughton note que la perception critique de H. Bouraoui, qui affectionne tout particulièrement le mélange des genres, se nourrit de son commerce avec la littérature d'Haïti et des Antilles. John Oughton , Haiti: Impressions of a Poet / Critic, Focus Toronto, automne 1981, p. 7-8.