ISBN : 2-86-781-038-8
Éditeur : Presses Universitaires de Bordeaux, Pessac (France), 1986. 44 pp.
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KHAMSA TRIOMPHANTE
Triomphante la Khamsa, cette main mauresque déroute
Le sort, conjure l’œil mauvais du tort. L’Oeil et la Nuit
Font écouler la somnolence des voix pour investir le bec du politique.
Guillotine de tant de voies. Vois, Vois, Vois, l’œil
Du défaitisme, talismans, amulettes et Mektoubs
Aux Marabouts de l’Inflation…
Arabesques de voix qui minent des voix
Microphones de voix qui enterrent des voix
Psalmodies de voix qui occultent des voix
Ainsi galope l’esprit annonciateur des victoires épaisses !
Et la démarche circulaire et la pensée en colimaçon
Et l’imaginaire qui tourne en rond… et les Zéros étranglés
de Soupçon… s’enlisent dans le minaret des vertiges
Hors des transes, le Manque béant charrie
Les neurones logiciels à la périphérie de la folie.
Ma main, ma source
Tu viens de faire sauter ton fusible, le courant ne passe qu’à sens
Inverse dans la gueule des Minotaures, et l’énergie ne s’investit
Que dans les bordels de l’Occident, les banques qui brisent les dents
L’ivresse qui momifie l’élan…
Ramasse chérie, les tessons de mots qui couronneront tes doigts
Et les orteils de Henné fauves que.
*
* *
Alors tu planteras dans tes sillons les haillons de ta pensée originelle
Ton sol imbibera l’encre de ta sagesse et les œillets
De la tendresse orneront les fronts des gouverneurs-épouvantails.
Critique
« Hédi Bouraoui nous entraîne à la périphérie du sommeil, à la limite d'un monde férocement concret (tragique par son réel insurmontable verbalement) et d'un monde sableux où les dunes de l'écriture glissent les unes par rapport aux autres. Elles se reconstituent en de multiples formes parfois à peine esquissées, livrant passage dans leur ébauche à des révélations plus profondes. Elles signalent des pans de la pensée encore non supposés, ou non exprimés à soi. » Margo Jourdan-Ohayon, Reflet pluriel, Horizons maghrébins , Toulouse, n° 16, 1991, p. 103-104.
« Inutile de chercher à retrouver un fil directeur liant anecdotiquement les deux créations. Chacun a son monde qu'il exprime à sa manière. Ni l'un ni l'autre n'a essayé d'illustrer le monde de l'autre par sa pratique. Nous retrouvons la thématique et les mots chers à Hédi Bouraoui et nous pénétrons- pas toujours il est vrai - dans l'univers graphique de Gérard Sendrey. À l'heure où la calligraphie arabe subit une véritable mutation (après redécouverte et réhabilitation), il est intéressant de voir un dessinateur venu d'Occident intégrer dans des dessins figuratifs une « écriture » qui ne signifie rien certes, illisible, mais écriture tout de même. » Sophie El Goulli, Le visuel et le poétique; Reflet pluriel de H. Bouraoui et Gérard Sendrey, Un travail entrecroisé à quatre mains, Le Temps , Tunis, 14 janvier 1987.